[Visite ministérielle] Entretien avec la Première ministre Elisabeth Borne autour d’enjeux majeurs pour le territoire

Gabriel Serville, président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) s’est entretenu avec Elisabeth Borne, cheffe du gouvernement ce dimanche 31 décembre 2023, dans le cadre de son déplacement en Guyane à la rencontre des Forces Armées pour le réveillon du jour de l’an. En présence du préfet de la Région Guyane, Antoine Poussier et d’élus territoriaux, cette rencontre a notamment permis à l’exécutif territorial d’aborder un certain nombre de sujets avec la Première ministre qui s’est montrée à l’écoute.

Parmi les thèmes évoqués, figuraient notamment :

  • Le désenclavement et la sécurité de la navigation sur le fleuve

L’enjeu exprimé par l’exécutif territorial est de répondre aux besoins de désenclavement routier, mais aussi, à court terme de sécuriser l’usage du fleuve et donc de la profession de piroguier.

« Selon les chiffres donnés par l’IEDOM, elle-même, ce ne sont pas moins de 1.000 pirogues qui circulent chaque jour sur le fleuve Maroni. Dans ces conditions, ma première attente est celle de la mise en œuvre en urgence absolue de la mesure 38 du CIOM  (Conseil Interministériel des Outre-Mer) intitulée « transporter les enfants guyanais de l’intérieur en toute sécurité. L’urgence est de donner un cadre à la profession de piroguier pour la sortir de la précarité et du statut informel qui la caractérise. C’est sur l’auto-discipline de la part des professionnels eux-mêmes que nous souhaitons nous appuyer pour améliorer les pratiques.  Il va de soi également que les annonces qui pourront être faites dans ce domaine devront être mises en perspectives de décisions à prendre dans le domaine du désenclavement routier, car dans l’esprit des populations une part de la réponse se trouve également dans les questions relatives à l’aménagement du territoire. »

  • L’aménagement du territoire

A cette occasion, Gabriel Serville a remis à la Première ministre un document intitulé « les chantiers du désenclavement » avant de rappeler son objectif d’avoir une vision de long terme pour ce territoire et de fixer le cadre d’une contractualisation Etat / Territoire pour la réalisation d’un certain nombre d’infrastructures routières indispensables au développement économique de la Guyane.

« Il est clair également que l’axe Cayenne / Saint-Laurent du Maroni qui mesure 250 km et qui relie deux bassins de population de respectivement 150.000 et 70.000 habitants ne pourra pas éternellement supporter un trafic de marchandises en augmentation constante. L’option que représente le cabotage maritime doit être étudiée. Autre dimension incontournable de la mise en place d’une politique d’aménagement du territoire, c’est l’énergie. »

  • L’évolution institutionnelle

Le président de la CTG a tenu à expliquer à Elisabeth Borne, la trajectoire suivie jusqu’à présent.

« La volonté d’évolution statutaire exprimée par la Guyane traduit une aspiration profonde à laquelle il n’est pas possible de répondre avec quelques mesures législatives ou réglementaires. Avec les représentants des populations bushinenguées nous sommes parvenus, grâce à Roger Aron, à un accord désormais définitif. Nous travaillons à ce qu’il en soit de même avec les autochtones et j’ai la conviction que nous y parviendrons dans les prochaines semaines. Je fonde mon discours politique sur l’égalité parfaite des droits et des devoirs de toutes les composantes de la société guyanaise. J’ai bien pris note des éléments de calendrier que le Président de la République a évoqué en octobre dernier. Nous demeurons dans l’attente de la nomination des experts qu’il a annoncés. Et, en tout état de cause, nous persistons à demander l’inscription de la demande de la Guyane à l’ordre du jour de la prochaine révision constitutionnelle.

  • La lutte contre l’orpaillage illégal, la pêche clandestine et l’immigration,

« La société guyanaise, malgré la solidité dont elle fait la preuve, est confrontée à des menaces qui pèsent sur sa stabilité. L’orpaillage illégal en est un, car il contribue de façon massive à l’irruption de la violence dans notre environnement. C’est également des menaces pour l’environnement et pour la santé publique, à cause de l’imprégnation mercurielle. C’est aussi un péril mortel pour l’économie, directement menacée par l’action des réseaux criminels : prostitution, trafic de stupéfiant, contrebande de matériel. C’est enfin la garantie pour la Guyane d’un déficit d’image qui peut devenir dramatique. » Enfin, Gabriel Serville a également eu un mot sur la situation de la pêche en Guyane et sur l’immigration illégale.

À noter qu’à l’issue de cet entretien, le président de la CTG se rendra à Maripasoula aux côtés de la Première ministre, l’occasion pour eux, d’approfondir certains sujets avec les forces armées sur place.