Journées de la Mémoire, du Marronnage et des Abolitions : conférence « La route de l’esclave et des habitations »

Dans le cadre des Journées de la “Mémoire, du Marronnage et des Abolitions”, organisées par la Collectivité Territoriale de Guyane, du vendredi 02 au dimanche 11 juin 2017, avait lieu, ce vendredi 09 juin 2017, au sein de l’Hôtel territorial, une conférence intitulée « La route de l’esclave et des habitations ». Cette conférence a été menée par le Conservateur du patrimoine et Directeur du Musée Schoelcher, Matthieu Dussauge, et le Conservateur et historien, Kristen Sarge, en présence notamment de la 11e Vice-présidente de la CTG déléguée à la Culture, au Patrimoine et aux Identités, Rolande Chalco-Lefay.

Véritable travail de recherche initié en 2012, le projet de « La route de l’esclave et des habitations » est une référence explicite au programme de l’Unesco lancé au Bénin en 1994 et consiste à étudier les anciennes habitations esclavagistes de Guyane. L’objectif étant de créer un réseau de sites historiques de la Guyane et de renforcer la présence du territoire dans le programme national.

Matthieu Dussauge a débuté cette conférence par un rappel du programme de l’Unesco, ayant vocation à sensibiliser sur la question de l’esclavage et qui a notamment contribué à faire reconnaître la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité lors de la Conférence mondiale contre le racisme, à Durban, en Afrique du sud, en 2001. Les principaux accomplissements du projet consistent en un travail de recherches et d’archives.

Cependant, le programme de l’Unesco, organisé autour de 4 thématiques que sont l’éducation et la jeunesse, le patrimoine et le tourisme de mémoire, la cohésion sociale et les expressions culturelles liées à l’esclave, s’oriente vers de nouveaux objectifs, parmi lesquels :

  • Ancrer le projet dans le présent
  • Faire mieux connaître les diasporas africaines
  • Œuvrer pour la réconciliation et le rapprochement des peuples

Matthieu Dussauge a également tenu à rappeler que des milliers de personnes se trouvent toujours en état d’esclavage dans le monde, et qu’il s’agit d’un combat qui continue encore aujourd’hui.

Après ce rappel du projet de l’Unesco, le conférencier a effectué une présentation du projet de « La route de l’esclave» de la Guadeloupe, lancé en 2003, destiné à faire connaître le patrimoine guadeloupéen.

Ont tout d’abord été présentées les phases de réalisation du projet :

  • Inventaire de 70 sites éligibles à cet itinéraire (2009)
  • Constitution d’un comité scientifique chargé de proposer une liste de sites devant figurer dans le circuit (2009)
  • Choix de 18 sites parmi les plus représentatifs (2009)
  • Edition et diffusion d’un livret (2010)
  • Signalétique routière et patrimoniale ayant permis l’obtention du label « Site associé à la Route de l’esclave » (2014)

Puis ont ensuite été présentées les différentes typologies des sites, des habitations caféières aux cimetières, en passant par les sucreries, les indigoteries ou encore les habitations de poterie.

« La route de l’esclave », c’est aussi l’organisation d’évènements, de séminaires, de colloques ou encore de visites pour les scolaires, mais également la mise en place d’un réseau, caribéen, notamment avec Cuba (où 632 sites ont été répertoriés), et la Barbade. En effet, en 2013 a été lancé le projet de « Guide des sites de mémoires de l’esclavage dans la Caraïbe ».

Le conservateur et historien Kristen Sarge a ensuite pris le relai avec la présentation d’un site faisant partie du projet de « Route de l’esclave et des habitations » de la Guyane, l’Habitation la Béarnaise, ayant donné naissance au Bourg de Tonate, à Macouria.

Après une présentation de la situation géographique du site, a été dressé un historique de la commune. C’est entre 1710 et 1720 qu’ont été construites les premières habitations grâce aux concessions délivrées aux colons. L’habitation « la Béarnaise » a été acquise en 1803 par Jean-Baptiste Tonat, originaire du Béarn, d’où l’appellation de l’habitation. Au Moment de l’acquisition, on y comptait 109 esclaves, et c’est du coton principalement qui y était cultivé. En 1822, on y recensait 89 esclaves. En 1848, 51 esclaves seront libérés.

L’habitation quant à elle, a été acquise en 1847 par l’administration pour y établir la paroisse de la commune.