[Assises Économiques des Outremer] “Un statut moins rigide permettrait à la Guyane d’aller plus vite !”

Mardi 07 Décembre 2021, Gabriel Serville, président de la CTG, a participé en visio conférence aux Assises Économiques des Outremer, une émission qui visait à rassembler les grands acteurs politiques et économiques des 12 territoires français d’Outremer durant une journée de conférences entre professionnels du secteur. L’événement était organisé par Ouest France, en partenariat avec la FEDOM et le Ministère des Outremer.

Gabriel Serville, président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), et Bernard Briand, président du Conseil Territorial de Saint-Pierre et Miquelon, ont débattu au cours d’une table-ronde animée par Yves-Marie Robin, journaliste Ouest France, et qui avait pour thématique “Les initiatives des élus ultramarins pour nouer des partenariats commerciaux avec les nations voisines notamment le Suriname, le Brésil et le Guyana”.

Retrouvez ci-dessous l’intervention du Président de la CTG.

 

Comment la Guyane travaille t-elle avec ses voisins, est-ce que des liens sont faciles à tisser ?

“Il y a des liens qui sont tissés depuis la nuit des temps entre la Guyane et les territoires voisins.

Dus aux mouvements migratoires, les gens vont et viennent de part et d’autres des deux fleuves qui nous séparent du Suriname d’un côté et du Brésil de l’autre.

Ce sont des liens naturels qui ont fondés des familles et qui ont vus naître des enfants mais effectivement lorsqu’il s’agit de tenter de tisser des liens pour parler d’économie, pour parler de sport, pour avoir des échanges culturels, des échanges diplomatiques, etc. on se rend tout de suite compte qu’il y a des freins à ces relations, des freins qui tiennent du statut du cadre institutionnel dans lequel la Guyane évolue.

La Guyane n’a pas toujours cette facilité à faire de la diplomatie avec les pays voisins et, malgré la loi 2016 de Letchimy qui facilitait la coopération régionale avec les territoires voisins, on se rend compte que lorsque nous voulons établir une relation de partenariat il y a des freins qui relèvent des lois nationales ou européennes et qui ne facilitent pas forcément les contacts que nous pourrions avoir avec les pays voisins.

Malgré ces difficultés, il y a des gens en Guyane qui sont capables de développer des trésors d’ingéniosité et d’imagination pour commercer avec ces pays voisins même lorsque l’on se trouve face à des situations qui nous paraissent totalement hérétiques : comme voir arriver de la viande du Brésil ou des kiwis du Chili en Guyane qui seraient passé par le Havre alors que nous sommes des pays voisins du continent sud-américain ce n’est pas une situation normale.”

En plus du Brésil et du Suriname, y-a t’il d’autres opportunités qui pourraient se dessiner pour la Guyane ?

“Oui, notamment avec le Guyana. La découverte récente de gisements de pétrole fait que c’est un territoire qui va énormément compter dans les années à venir. De plus, compte-tenu des relations informelles qui existent déjà entre nos deux pays, ne serait-ce que pour mieux approvisionner la Guyane en carburant, il serait intéressant de pouvoir établir un partenariat rapproché avec le Guyana.

D’ailleurs il n’y a pas si longtemps nous avons reçu à Cayenne une délégation du Guyana dont le Président de l’Assemblée Nationale et nous nous sommes promis de rester en contact. De même chose avec le Président du Suriname avec lequel il nous est plus facile de commercer. Nous espérons que dans un avenir proche ces contacts vont nous permettre de mettre en place de véritables actions de coopération à tous les niveaux.”

 

Rencontrez-vous des freins politiques ? Est-ce que le Gouvernement français vous laisse agir ?

“La Guyane a toujours milité pour bénéficier d’un statut spécial. L’article 73 qui régit la Guyane fait que toutes les lois qui sont votées au Parlement doivent s’appliquer sur les territoires dont les Outremer. Quand bien même cet article prévoit que l’on puisse avoir la possibilité de mettre en place des adaptations, en réalité, pour les obtenir cela relève d’un vrai parcours du combattant. C’est une dynamique, une démarche qui n’est pas pérenne et qui sans cesse doit être renouvelée d’une mandature à l’autre.

Globalement nous considérons que nous pourrions aller plus vite si la Guyane était dotée d’un statut moins rigide que l’article 73. L’idée que nous défendons c’est de pouvoir bénéficier d’un statut à la carte, sur-mesure, et qui tiendrait véritablement compte de notre position géographique, de nos particularités sociales, culturelles, etc. Aujourd’hui ce n’est pas le cas.”

 

Retrouvez l’intégralité des échanges en ligne en cliquant sur le lien ci-dessous

Assises Économiques des Outremer “L’initiative des élus pour nouer des partenariats commerciaux avec les nations voisines”.