10e Commission Mixte Transfrontalière (CMT) France-Brésil

Préparée sous l’égide des ministères des affaires étrangères des deux Etats, français et brésilien, s’est tenue, ces mardi 6 et mercredi 7 décembre 2016, la 10e Commission Mixte Transfrontalière (CMT) France-Brésil, en présence notamment du Préfet de région, Martin JAEGER, du Président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Rodolphe ALEXANDRE, de l’Ambassadeur de France au Brésil, Laurent BILI, du Gouverneur de l’Etat de l’Amapa, Waldez GOES, du Directeur du Département Europe du Ministère brésilien des relations extérieures, Carlos LUIZ PEREZ, et de la consule du Brésil en Guyane, Véra Lucia CAMINHA CAMPETTI. Cette 10e rencontre, placée sous le thème « Renforcer l’attractivité de la Guyane et de l’Amapa », a constitué l’occasion de réaffirmer la volonté commune de créer les conditions propices au développement des régions de la Guyane et de l’Amapa, de la France et du Brésil. Quatre grandes thématiques étaient à l’ordre du jour de cette réunion :

  • Les liaisons internationales et le désenclavement, avec pour objectif de préparer et d’anticiper l’ouverture du pont sur l’Oyapock, et de faciliter les échanges entre la Guyane et l’Amapa
  • La sécurité et la défense, afin de renforcer les actions conjointes de lutte contre les trafics et la connaissance réciproque du fonctionnement des systèmes de sécurité
  • Le développement des échanges et l’attractivité régionale, séquence visant à créer une dynamique d’échanges et à attirer de nouveaux investisseurs
  • Le développement humain et le cadre de vie, pour la recherche de complémentarités et de synergies pour le développement des populations

La Commission Mixte Transfrontalière a débuté par une minute de silence faite à la mémoire de l’équipe brésilienne de football de Chapecoense, qui a perdu 19 de ses 22 joueurs suite au crash de l’avion qui les amenait en Colombie pour la finale de la Coupe Sud-américaine.

Les discussions se sont ensuite rapidement engagées sur l’ouverture du Pont sur l’Oyapock, dont la construction avait été décidée en 1997, et dont les travaux se sont achevés il y a un plus de 5 ans. Un calendrier a ainsi été établi. En effet, des tests devront être effectués, et un exercice aura lieu le lundi 16 janvier 2017 afin de vérifier le bon fonctionnement du matériel, de part et d’autre du pont, qui ouvrira provisoirement d’ici la fin du mois de janvier. Cette ouverture sera limitée aux véhicules légers de tourisme et à la population. Le vendredi 3 février 2017, se tiendra une réunion de la commission mixte de transport, qui permettra le transit commercial. La date d’ouverture définitive du pont sera fixée ultérieurement.

Il a ensuite été question de la circulation des personnes et des marchandises, soulevant ainsi l’épineuse problématique des assurances, aussi bien du côté brésilien que du côté français – assurances jugées trop chères par les brésiliens – mais également des visas, créant des obstacles dans les échanges entre les deux pays. Cependant, le gouvernement brésilien s’est réjoui de la nouvelle législation française qui a permis d’assouplir le régime des visas. La délégation brésilienne a tout de même fait part de la nécessité de trouver des formules alternatives qui permettraient de faciliter les choses.

Concernant le transport aérien, un certain désenclavement a été rendu possible grâce à l’arrivée de la compagnie aérienne low-cost brésilienne Azul, assurant notamment des dessertes vers Macapa, Belem ou encore Fortaleza. La forte progression du trafic aérien et de passagers, dû à la forte demande des Guyanais pour les destinations du nord du Brésil, a été soulignée par une représentante de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Guyane.

Pour ce qui est de l’accès maritime, une étude de cabotage inter-régional a été présentée par Rémy-Louis BUDOC, membre du Directoire du Grand Port Maritime. Il s’agirait de la mise en place d’une ligne maritime qui passerait par le plateau des Guyanes et qui irait jusque dans la Caraïbe. Un cahier des charges a d’ores et déjà été établi. Un rendu de l’étude est prévu pour le mois de juin 2017.

Une autre part importante de la réunion a été consacrée à la sécurité et à la défense, s’agissant notamment de la lutte contre l’orpaillage clandestin et la pêche illégale.

Thème déjà traité lors de la dernière CMT, l’orpaillage clandestin constitue un danger pour l’environnement. En effet, le tiers de la pollution au mercure vient de la production aurifère. Du côté français, un certain nombre d’outils pour la prise en compte de l’environnement ont été mis en place. Les représentants de la délégation française ont indiqué qu’ils étaient à disposition du gouvernement brésilien. Du côté brésilien, des études sont faites pour tenter de trouver des solutions afin d’éradiquer l’utilisation du mercure, et par conséquent son impact environnemental.

Concernant la pêche illégale, un bilan des actions menées par la marine nationale française, en charge de la protection des côtes guyanaises, a été dressé. Ce sont 40 bateaux en activité de pêche illégale et plus de 250 km de filet qui ont été déroutés. Constituant un enjeu fort, la coopération entre les marines française et brésilienne a évolué de façon positive depuis 3 ans, notamment grâce à l’insertion d’un officier brésilien à l’Etat-major des forces armées de Guyane. Les patrouilles conjointes ont montré leur efficacité et leurs effets semblent dissuasifs et ponctuels. Le niveau d’incursion des pêcheurs illégaux est à la baisse, ce grâce à de nombreuses missions effectuées sur la zone. De plus, les sanctions judiciaires encourues sont lourdes. En effet, les pêcheurs illégaux sont déférés à la justice, et risquent des peines d’emprisonnement de plusieurs mois en cas d’actes de violence. Un projet de présence d’un navire brésilien, qui serait basé sur la zone, est actuellement à l’étude au sein de la marine brésilienne. Cette présence aurait un effet dissuasif majeur.

Le 3e volet de la CMT a permis de présenter le Programme de Coopération Interreg Amazonie (PCIA), issu d’un travail collaboratif, mené par l’ex Région Guyane et ses partenaires, tant en Guyane (l’Etat, l’ex Conseil général, le CNES), que dans les Etats partenaires (Suriname, les états du Para, de l’Amapa et de l’Amazonas, et le Guyana). Le PCIA est un outil de développement régional, financé par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), dont l’objectif est de faciliter la coopération régionale sur le Plateau des Guyanes. Son enveloppe budgétaire totale est de 27 millions d’euros, dont 18 millions d’euros de FEDER. La stratégie de développement de l’espace de coopération « Brésil (Amazonas, Para et Amapa) – Guyane Française, Suriname – Guyana », définie dans le cadre fixé par la Stratégie Europe 2020 et l’accord de Partenariat entre la France et la Commission Européenne, vise à renforcer les conditions et moyens nécessaires au développement durable du Plateau des Guyanes.

L’ensemble des acteurs de cette réunion a fait part de son optimisme quant aux avancées réalisées, tout en soulignant l’importance du renforcement de la coopération et de la consolidation des relations entre les deux pays.