Rencontre avec le Cabinet du Ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire autour de la filière forêt-bois

Jean Luk Le West, vice-président de la Collectivité Territoriale de Guyane, délégué au développement économique et au tourisme, rencontrait ce jeudi 13 avril 2023, le Cabinet de Marc Fesneau, Ministre délégué à l’agriculture et à la souveraineté alimentaire (Ministère en charge de la filière forêt-bois), en présence d’une délégation guyanaise notamment composée de Thomas Caparros, président d’Interprobois, et de porteurs de projets pour IDEX (Benjamin Fremaux-président du groupe, Corentin Blanchard-chef de projet Biomasse), pour le CNES (Laurence Monnoyer-Smith, directrice de la délégation au développement durable) et pour le projet MIA (Stéphane Maillet – Président de Maillet TP et porteur du projet, Antoine Madoui – associé fondateur Nerius Invest et porteur du projet).

Un échange dédié à aborder plusieurs questions majeures liées à des projets d’agroforesterie et notamment les freins rencontrés par les acteurs locaux en la matière.

La question de l’inadaptabilité de la directive européenne RED 3 à la Guyane a également été abordée. Les discussions ont notamment porté sur le projet agroforestier d’économie verte MIA : ce projet consiste à aménager une parcelle sur la bande littorale pour produire des bioressources agroforestières tout en sauvegardant près de 70% de la forêt naturelle qui s’y trouve. Il s’agit également d’une source d’approvisionnement pour le projet de verdissement de la base spatiale. Les objectifs ? Améliorer l’autonomie énergétique de la base spatiale, ce qui permettrait de libérer près de 15% de l’énergie électrique actuellement utilisée dans le cadre de son raccordement électrique. Les projets de centrale biomasse CBK1 et CBK2 du CNES pour lesquels le groupe IDEX s’est porté acquéreur dépendent donc du projet MIA.

Les difficultés rencontrées par les acteurs locaux vis-à-vis de l’ONF étaient également au cœur des discussions. De nombreux points de blocage ont été mis en exergue sur plusieurs projets. S’agissant du projet MIA, la délégation s’est inquiétée du positionnement de l’ONF qui semble attendre des directives claires de son ministère de tutelle et ne pas vouloir porter ce projet, s’appuyant sur le fait que l’efficacité de ce dispositif n’a pas été démontré industriellement.

Pour la CTG, le constat s’agissant de l’action de l’ONF est sans appel : les moyens humains déployés sont insuffisants  et pas proportionnels à la couverture du patrimoine forestier. En comparaison, l’île de la Réunion, dispose d’un effectif de 250 personnes pour une surface forestière de près de 100 000 ha contre 92 personnes pour la Guyane, pour une surface forestière de 2,4 millions d’Hectares.

L’approvisionnement en bois d’œuvre de plus en plus difficile

La question de l’approvisionnement en bois d’œuvre a également été abordée. La délégation a alerté sur la situation actuelle : « la Guyane ne sera pas en mesure de couvrir ses besoins en matière de bois d’œuvre ». Aussi, pour rappel, l’un des objectifs du Programme Régional Forêt Bois est de tripler le volume de bois pour répondre aux besoins de construction (passer de 70 000m³ à 210 000 m³) d’ici 2029. L’impérieuse nécessité de créer et d’entretenir les pistes rendues difficiles d’accès par les intempéries(frein majeur pour l’approvisionnement) a également été soulignée.

Enfin, le vice-président de la CTG a rappelé le contexte socio-démographique du territoire, ses nombreux retards structurels et les besoins qui y sont associés et a de nouveau alerté le cabinet du ministre sur le caractère inadapté de certaines directives européennes : « Nous voulons rester européens, mais nous ne voulons pas que ce statut représente un frein à notre développement économique » insiste Jean Luk Le West.

Forts de ces échanges, les membres du Cabinet du ministre ( Urwana Querrec, directrice de Cabinet adjointe, Arnaud Matrenchard, délégué interministériel à la transformation agricole des outre-mer, Sylvain Reallon, sous-directeur des filières forêt-bois, cheval et bioéconomie, Sylvain Maestracci, conseiller en charge de la forêt et de la planification écologique), ont émis le souhait de revoir très prochainement la délégation afin de poursuivre le travail amorcé avec la collectivité tant sur ces questions que sur les sujets relatifs au développement économique. Le Cabinet a également annoncé la tenue prochaine d’un comité interministériel.

Enfin, Jean Luk Le West a souligné l’importance que le ministère fasse de la Guyane un partenaire important, en sa qualité d’acteur clé du rayonnement de la France,  dans le cadre de la COP30 qui se tiendra à Bélem, en 2025.