La CTG relève le défi de l’éducation en Guyane — Entretien avec le Président Rodolphe Alexandre

Quelle est votre vision pour cette compétence ?

La première richesse de la Guyane est sa jeunesse. A ce titre, il faut rappeler que notre territoire est le plus jeune de France. Ce potentiel se doit d’être appréhendé comme un capital humain, celui qui constitue l’avenir de notre région. C’est en ce sens, et sous mon impulsion politique, que se positionne la Collectivité Territoriale de Guyane. En misant sur l’éducation, avec ma majorité, nous faisons le pari de croire en la jeunesse guyanaise et en sa capacité à prendre en main son destin.

D’autant que 2200 jeunes guyanais ont quitté le système scolaire sans diplôme en 2016. Une réalité inacceptable. Prenant la pleine mesure des enjeux, j’ai pris un engagement ferme en faveur d’une stratégie territoriale cohérente et globale incluant de multiples dispositions, impliquant la mise en synergie de diverses compétences afin de viser la maîtrise des éléments contextuels du territoire guyanais : une forte croissante démographique, une précarisation de la population associée à un dimensionnement territorial conséquent et un retard infrastructurel qui ne sont plus à présenter.

Ces aspects induisent une pression renouvelée à chaque rentrée sur notre volonté d’assurer l’accès à l’éducation dans les 31 collèges et les 14 lycées publics que compte actuellement notre territoire. Ainsi, est déployée une véritable ingénierie publique par l’administration territoriale pour répondre à ce défi, avec des mesures préventives et compensatoires.

Quelle offre de services est mise en œuvre par la CTG pour favoriser l’accès à ce droit fondamental ?

Concernant le transport scolaire, la CTG propose donc un dispositif qui couvre les zones non desservies par les dispositions communautaires. Il permet à 6000 élèves de se rendre en classe quotidiennement grâce aux 107 lignes terrestres et aux 39 lignes fluviales déployées par la CTG. A cela s’ajoute également, le transport aérien des élèves de l’Intérieur afin qu’ils puissent regagner leurs communes d’origine pendant les vacances. Cela représente un investissement d’un montant avoisinant les 32,8M€.

Nous sommes également mobilisés sur la question de l’hébergement avec la mise à disposition de places en internats. Ils permettent à des collégiens, des lycéens et des étudiants motivés, notamment ceux des communes de l’Intérieur, d’éviter les longs trajets journaliers qui impacteront forcément le temps consacré à l’étude. Les jeunes y bénéficient d’un logement, de l’accès à un service de restauration et d’un accompagnement incluant une aide aux devoirs.

L’offre est composée de 8 dispositifs : celui de Gran Man Difou de Maripasoula « labellisé internat d’excellence en 2010 », celui rattaché à l’établissement Léopold Elfort à Mana, l’internat de Bertène Juminer à Saint Laurent du Maroni, celui d’Elie Castor à Kourou, celui localisé au lycée Lama Prévot de Remire-Montjoly, l’internat de l’établissement Gaston Monnerville à Kourou, celui du lycée de Matiti à Macouria et l’internat rattaché à Melkior-Garré à Cayenne.

Cette offre se verra renforcée par la création d’un internat de 82 places pour le collège Achmat Kartadinama de Grand Santi pour un montant total de 4,8M€ dont nous prévoyons la livraison en 2022, ainsi que par la future construction d’un dispositif intégré à la Cité scolaire à Saint Georges de l’Oyapock.

De plus, la CTG propose un dispositif complémentaire spécifique au territoire : les familles « hébergeantes ». Il comptabilise 146 familles. Et pas moins de 345 élèves du second degré bénéficient de cette prise en charge, ce qui correspond à un budget annuel de 900K€ assumé par la CTG. Une réforme a été lancée afin de revoir le dispositif. La CTG a pour volonté de renforcer l’accompagnement des familles en y associant ses travailleurs sociaux issus de la direction de l’action sociale de proximité.

Le décrochage scolaire est source d’exclusion conséquente de la jeunesse guyanaise. Que prévoit la CTG comme mesures pour lutter contre ce fléau ?

Nous sommes particulièrement engagés sur la question, et à divers niveaux d’intervention. Il est possible de noter notre appui envers le secteur associatif qui propose une offre de soutien scolaire dans les quartiers prioritaires des villes et ce, sur l’ensemble du territoire. La CTG met également en œuvre un dispositif de gratuité des manuels scolaires et des trousseaux d’équipement. Elle finance la Plateforme de Suivi et d’Appui aux Décrocheurs (PSAD). Nous soutenons également la médiation en milieu scolaire.

En complément de ces mesures, il faut relever notre politique en faveur de l’insertion professionnelle et sociale des jeunes ainsi que nos dispositions en faveur de l’apprentissage qui viennent compléter de manière transversale, notre stratégie contre cette problématique.

Au regard de la croissance démographique, comment la CTG appréhende-t-elle chaque nouvelle rentrée scolaire ?

C’est un défi qu’il nous faut sans cesse relever et sans faillir. Effectivement, rien que pour l’année 2018-2019, le Rectorat prévoit 34216 élèves, dont 20 236 au collège et 13 980 au lycée. Cela constitue une augmentation de 5,8%. Un chiffre conséquent, et afin d’assurer la scolarisation de l’ensemble de ces jeunes, la CTG a procédé à la mise en œuvre de nouvelles dispositions dont certaines compensatoires.

Ainsi ce sont 3,3M€ qui seront utilisés pour la dotation de fonctionnement 2018 des établissements du secondaire. Concernant le renouvellement du mobilier scolaire, l’investissement s’élèvera à près 1,15M€. Un montant de 120 000€ sera alloué à l’achat de manuels scolaires pour les lycéens. 1,25M€ seront mobilisés pour doter les établissements de nouveaux équipements informatiques et améliorer les réseaux associés. De plus, ce sont 20 nouvelles salles qui ont été installées. Cela a donc nécessité l’acquisition de 60 bungalows répartis sur l’ensemble du territoire pour faire face à l’accroissement du nombre d’élèves.

Un important investissement est ainsi effectué, chaque année, par la Collectivité Territoriale de Guyane pour répondre aux besoins de la rentrée scolaire.