Feux en Amazonie : « Nous avons une grande responsabilité dans la préservation de cette richesse que nous devons léguer à nos enfants. »

Alors que les feux en forêt Amazonienne se poursuivent en Amérique du Sud, le Président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, lance un appel pour davantage d’engagement solidaire, et pour la protection, la valorisation et la reconnaissance de l’Amazonie guyanaise dans l’intérêt commun de sa population résidente, pour son émancipation et son bien-être.

 

L’Amazonie brûle, le climat s’emballe, la biodiversité disparaît, l’état de la planète se dégrade à grande vitesse.

Ces quelques mots résument la situation globale de la planète et le contexte d’évolution de l’humanité qui doit absolument changer de cap sous peine d’atteindre des seuils d’irréversibilité. Jamais auparavant les écosystèmes terrestres et marins ne furent confrontés à des destructions d’une telle ampleur, causée par les activités humaines et l’ère de l’anthropocène.

Les incendies qui touchent l’Amazonie actuellement suscitent, à plus d’un titre et à tous les niveaux de la société, des réflexions voire des interrogations sur les conséquences des choix fait par l’homme pour son développement au détriment de la nature et des écosystèmes.

Sans tomber dans le discours de l’effondrement des collapsologues, nous ne pouvons pas rester insensibles à la destruction de notre maison commune, la Terre. Nous devons prendre conscience de l’urgence de la situation afin de proposer d’autres voies de cohabitation symbiotique pour sauver l’humanité et préserver ce qui reste de notre biodiversité déjà bien entamée.

Nous devons sortir du déni pour nous engager solidairement afin de préserver toutes les formes de vies quelque soient nos responsabilités fussent-elles politiques, industrielles, associatives ou simplement citoyennes.

 

La biodiversité maintient la vie, la vie doit être sacrée.

Les gardiens de la nature, les intendants ou les économes de la création que sont les communautés autochtones de Guyane et d’Amazonie nous ont léguées à travers leur vision cosmologique cette sagesse de par leur mode de vie, leur connaissance et leur spiritualité.

Nous devons reconnaître le rôle des peuples autochtones et des communautés locales de Guyane dans la préservation et la valorisation des services gratuits que nous offre la nature. Leur connaissance, leur savoir ancestral et leur spiritualité sont une chance pour l’avenir de la Guyane et de l’humanité.

C’est aussi pour cela qu’il est démontré scientifiquement que leurs territoires, l’Amazonie notamment, sont les mieux préservés de la planète. Nous devons leur reconnaitre leur rôle de gardien de la nature. L’IPBES recommande, d’ailleurs, de s’inspirer de leurs savoirs, de la gestion de leurs territoires et de leur spiritualité pour lutter contre le réchauffement climatique et stopper l’érosion de la biodiversité.

 

Si l’Amazonie est considérée comme le poumon de la planète, il est aussi une véritable banque génétique qui renferme un trésor encore inexploité. C’est une des clés de développement futur et de la survie de l’homme sur la terre.

La biodiversité est aussi une réponse économie stratégique face aux enjeux de l’économie de l’après pétrole. Seules 5% des ressources génétiques de cette forêt ne sont connues à ce jour. Certaines disparaitront sans avoir livré le secret des services qu’elles auraient pu apporter au progrès humain.

L’avenir de l’humanité repose sur les ressources génétiques des écosystème forestiers et de la canopée amazonienne, à travers la R&D et l’innovation des nouveaux matériaux de substitution à ceux dérivés du pétrole, de la bio-construction dans nos habitats du futur, des énergies renouvelables et des biocarburants de 3ème génération, des matériaux biosourcés, les molécules nouvelles pour soigner les maladies incurables à ce jour, les protéines végétales pour contrer l’agriculture intensive et la déforestation.

 

L’Amazonie est aussi le régulateur du cycle de l’eau si nécessaire à la vie.

C’est le cycle de la vie sur terre, du renouvellement de la nature, de la régénérescence des sols et de la forêt, du recyclage des déchets naturels. L’Amazonie est vivante et autonome.

La Guyane est riche de tout cela et nous devons en prendre conscience. Nous avons une grande responsabilité dans la préservation de cette richesse que nous devons léguer à nos enfants. « Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres mais nous l’empruntons à nos enfants. »

 

La Guyane doit promouvoir son identité amazonienne.

La biodiversité n’est pas un enjeu de politique démagogique mais un véritable défi social et politique pour une alternative de développement qui prend en compte la valeur des richesses naturelles et culturelles du territoire. Nous sommes dépendants de la biodiversité amazonienne, elle nous protège, nous nourrit, nous soigne, nous habille, nous loge, nous enseigne le respect de la vie et de soi. Nous sommes toutes et tous des enfants de l’Amazonie et à ce titre nous devons tout faire pour la préserver et lui être reconnaissants.

 

La Guyane est amérindienne et amazonienne.

Je reconnais que l’Amazonie est un organe vivant qui doit avoir une identité juridique pour mieux lutter contre la déforestation ou tout autre exploitation destructrice de la vie en son sein. Que les peuples autochtones et communautés locales doivent être saisis autant que nécessaire quand leur mode de vie est menacé par des décisions politiques qui seraient à l’encontre de leur vie quotidienne et de leur bien-être.

C’est pourquoi je m’engage à faire remonter au plus haut niveau de la République toutes les réflexions et propositions qui me seront adressées pour la protection, la valorisation et la reconnaissance de l’Amazonie guyanaise dans l’intérêt commun de sa population résidente, pour son émancipation et son bien-être.

Ensemble, dans la concertation, à travers des politiques publiques partagées et concertées nous devons nous engager à proposer un territoire plus vivable, plus respectueux de la vie sur terre, plus solidaire, plus sobre et plus économe en s’inspirant de la sagesse et de la spiritualité des peuples autochtones de l’Amazonie.

 

A chacun sa part de Colibri.

Un battement d’aile de papillon en Amazonie peut embrasser toute la planète, voire exploser la stabilité politique du monde.

« Cette crise est avant tout spirituelle, puisqu’elle concerne notre façon d’envisager ou imaginer le monde. » Bartholomée 1er, patriarche de Constantinople

 

Rodolphe Alexandre – Président de la Collectivité Territoriale de Guyane